Au moment d’échanger les bons vœux de nouvelle année avec ses amis et ses collègues, on se demande toujours ce qu’on pourrait bien leur souhaiter de moins banal qu’une bonne santé.
À un prof, par exemple, ne pourrait-on d’abord lui souhaiter de ne pas devoir donner cours sous les bombes, dans des bidonvilles, derrière des barbelés comme c’est le cas pour de nombreux enseignants dans le monde ?
D’enseigner à des écoliers ou à des étudiants qui n’ont pas faim, qui n’ont pas peur, qui ne sont pas désespérés, seuls, sans avenir, loin de leur famille, comme c’est le cas pour beaucoup trop de jeunes dans le monde ?
D’avoir à sa disposition au moins un tableau noir, quelques bâtons de craie, quelques livres, des tables et des chaises pour tous, une ampoule qui éclaire, alors que beaucoup de classes dans le monde en sont démunies ?
Souhaiter à d’autres de trouver enfin un emploi ou de pouvoir le garder, de l’exercer dans de bonnes conditions, de ne pas être écrasés par des grilles horaires asservissantes, des tâches administratives abrutissantes, des contraintes de rentabilité angoissantes.
Souhaiter à d’autres de pouvoir donner libre cours à leur sens critique, à leur esprit d’initiative, à leurs goûts et aptitudes personnels en enseignant, en bonne collaboration et en toute confiance avec leurs collègues et leurs responsables.
Souhaiter à d’autres encore de pouvoir s’adresser à des élèves qui, au-delà des méthodes et des équipements sophistiqués, des objectifs et des référentiels exigeants, éprouvent toujours le simple plaisir de découvrir et d’apprendre.
À ceux qui travaillent dans ces situations difficiles, voire critiques, nous leur souhaitons du fond du cœur tout le courage nécessaire pour les surmonter, les améliorer si possible, en leur rappelant qu’ils font ainsi honneur à tous ceux qui partagent la même profession et la même vocation d’enseigner ! À ceux qui ont toutes les raisons de s’estimer heureux d’exercer le plus beau métier du monde dans de bonnes conditions, que pouvons-nous souhaiter d’autre que d’en prendre conscience chaque matin et tenter de faire profiter de leur chance des collègues moins favorisés ?
Et bien sûr, une bonne santé !
Chères Collègues et chers Collègues d’ici et d’ailleurs, je vous souhaite une année 2018 aussi heureuse que possible, tout simplement, en espérant qu’elle nous donnera souvent l’occasion de travailler ensemble !
Jean-Marc DEFAYS