Lettre aux président.e.s des associations affiliées à la FIPF, le 15 février 2021
Chères Présidentes,
Chers Présidents,
Chères Amies et chers Amis,
Vous vous doutez bien que c’est après de longues réflexions et de nombreuses discussions que j’ai finalement renoncé à poser ma candidature à un second mandat de président de la FIPF, une décision difficile que je tiens à vous annoncer aussitôt et vous expliquer avec la même franchise que nous avons toujours partagée.
Mon mandat qui arrive à son terme a tout d’abord été éprouvant. Durant ces cinq années au cours desquelles je n’ai pas ménagé mes efforts pour être à la hauteur des défis et de votre confiance, cette présidence a équivalu pour moi à un deuxième métier à part entière, aussi exigeant et accaparant que mes déjà lourdes charges professionnelles à l’Université de Liège. Une mission certes exaltante mais à laquelle j’ai consacré tout le reste de mon temps – une partie de mes nuits comprise – ainsi que de mon énergie, et même au-delà.
Ce mandat a surtout été éprouvant parce qu’il a représenté une lutte incessante et harassante. Une lutte en interne pour amener les collègues réticents à moderniser le fonctionnement de la Fédération comme les circonstances l’imposent depuis un certain temps déjà ; une lutte à l’extérieur pour préserver à la fois ses indispensables financements et son imprescriptible indépendance ; une lutte acharnée menée surtout depuis deux ans, avec le nouveau Secrétaire général, dans des conditions particulièrement ardues, pour tenter de sauver la FIPF de la faillite.
Nous n’avons peut-être pas gagné tous ces combats mais nous nous serons bien battus, et la guerre n’est pas finie !
Justement, ma décision est aussi un signal lancé aux différents partenaires de la FIPF, ceux-là mêmes qui nous font l’honneur de répéter que notre Fédération est un indispensable acteur de la francophonie et du rayonnement de la langue française dans le monde, et de nous complimenter pour l’efficacité et l’ampleur de notre travail dont ils profitent aussi. Qui, par contre, ne semblent pas bien comprendre que la FIPF ne dispose désormais plus des moyens financiers et surtout humains suffisants pour mener les activités chaque fois plus nombreuses, et satisfaire aux contraintes administratives chaque fois plus lourdes, qu’ils exigent d’elle en échange de leur soutien, et qu’ainsi la FIPF court inexorablement à la banqueroute.
En décidant de ne pas assurer les responsabilités de président pour un nouveau mandat, je souhaite pouvoir attirer l’attention sur les conditions – de plus en plus problématiques quant à la souveraineté de la FIPF – dans lesquelles elles sont exercées et que je ne tiens pas à devoir cautionner.
Enfin, en refusant d’y participer, je marque aussi ma préoccupation et ma désapprobation à l’égard de la néfaste lutte d’influence menée depuis trop longtemps déjà au sein de la FIPF dans la perspective de ces prochaines élections, au détriment de la cohésion dont nous avons pourtant plus que jamais besoin. Alors que la FIPF réclame des mandataires solidaires et désintéressés, je suis inquiet de constater que ces responsabilités suscitent actuellement de telles ambitions personnelles et démarches électoralistes. J’ai d’autant plus de peine à le comprendre et à l’accepter que tous nos efforts et toute notre attention devraient être mis, en ces moments critiques, au service du sauvetage de la FIPF, en nous serrant les coudes. Cette quête de visibilité et de soutien à titre individuel ne me semble donc pas de bonne augure !
Aussi terminerai-je ce courrier par un fervent appel à tous les collègues sincèrement préoccupés par le sort de notre Fédération et conscients du rôle crucial que ses futurs dirigeants joueront pour son avenir. Que les personnes prêtes à mettre à son profit leurs qualités et leurs compétences, leur sens des responsabilités, leur esprit d’initiative et beaucoup de leur temps sans en tirer d’autre intérêt que de servir la communauté internationale des professeurs de français, se manifestent et posent leur candidature à un poste de président.e ou vice-président.e, sur le plan international ou régional !
Je tiens enfin à déjà remercier toutes les personnes et les organismes qui m’ont apporté leur soutien au cours des années, et surtout des derniers mois, et également pour leur compréhension au cas où ma décision les décevrait.
Avec mes salutations les plus cordiales, comme toujours.