Derniers discours au congrès mondial de Nabeul (virtuel)

1. Ouverture du congrès : vendredi 9 juillet

Madame la Secrétaire générale,
Madame et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Secrétaire d’Etat,
Monsieur l’Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs en vos titres et qualités,
Chères et chers Collègues,
Chères et chers Ami.e.s,

Laissez-moi d’abord remercier les hautes personnalités qui viennent de me précéder à cette estrade virtuelle, en direct ou en différé, pour les propos encourageants qu’elles ont bien voulus tenir, et qui confirment, par leur distinguée et bienveillante participation à l’inauguration de ce congrès, l’importance qu’elles accordent à la Fédération Internationale des Professeurs de Français. Plus que jamais, notre fédération apprécie toutes les formes de soutien moral, stratégique et logistique dont on veut bien lui faire profiter et qui lui sont d’un grand secours.

Je suis en effet un président – encore pour quelques jours –, un président inquiet pour la FIPF en faveur de laquelle, durant cinq années très difficiles,  nous n’avons pas compté nos efforts, nos démarches, nos initiatives pour lui assurer un avenir au-delà de son cinquantième anniversaire à peine révolu. En fait, c’est moins la crise sanitaire pandémique que la crise financière endémique dont nous avons tout à craindre, compte tenu que la conjugaison des deux périls a aggravé une situation déjà critique.

Je suis aussi un président reconnaissant. Reconnaissant à l’égard de toutes les institutions et les organismes partenaires, ainsi qu’à l’égard de leurs responsables et représentants, qui s’intéressent, depuis longtemps ou depuis peu, à notre Fédération. Avec de telles collaborations, je ne peux pas croire qu’il ne soit un jour plus permis à la FIPF de continuer à assumer – en toute indépendance – ses missions de médiation, de coordination, de promotion auprès de ses deux cents associations, soit plus de 80.000 professeurs sur les cinq continents, faut-il le rappeler ?, qui œuvrent au profit de l’enseignement, de la diffusion et de la pratique de la langue française et des cultures francophones dans le monde.

Aujourd’hui, je suis plus particulièrement reconnaissant et admiratif à l’égard de toutes les personnes qui ont rendu ce congrès possible dans de telles circonstances exceptionnelles. Aussi bien le président et les membres du Comité tunisien, que le secrétaire général de la FIPF et son équipe (réduite maintenant à sa plus simple expression) ont fait preuve d’un dévouement et d’une efficacité tout à fait remarquables, ainsi que d’une capacité extraordinaire à relever chaque fois de nouveaux défis : les inévitables décisions de reporter le congrès l’an dernier et de l’organiser virtuellement il y a à peine quelques mois !

Je suis également un président enthousiasmé par l’évènement que nous inaugurons aujourd’hui. Comme vous, je suis évidemment frustré que ce congrès n’ait pas lieu réellement à Nabeul, que nous ne puissions pas nous rencontrer physiquement dans les salles et les couloirs, nous parler de vive voix et nous embrasser chaleureusement. Par contre, nous devons nous réjouir de participer à ce tout premier projet de congrès virtuel de la FIPF, de dimension mondiale qui plus est : plus de 1200 participants, 360 intervenants ! Tant au point de vue technique qu’organisationnel, nous apprendrons beaucoup de cette expérience qui en inspirera probablement d’autres, du moins en partie, à diverses occasions. Que nos collègues et les experts impliqués dans cette prouesse en soient complimentés !

Je suis aussi un président très fier de la corporation que j’ai eu le plaisir et l’honneur de représenter au cours de mon mandat et dont les membres ont fait montre au cours des deux années écoulées – pour ne prendre qu’un dernier exemple – d’un dynamisme, d’une créativité, d’une abnégation exemplaires pour continuer à enseigner à tout prix malgré le confinement et les autres mesures sanitaires imposées par le coronavirus, et à interagir par tous les moyens et de toutes les façons avec leurs étudiants et leurs collègues pour les soutenir autant dans leur travail que dans leur vie personnelle. Je profite de cette occasion pour une nouvelle fois vous féliciter toutes et tous pour votre conscience professionnelle comme pour votre esprit de solidarité.

Je suis enfin un président ému puisque je ne le serai plus, président, au terme de ce congrès. Même si elles ont été éprouvantes et exigeantes, ces cinq années ont surtout été passionnantes à travailler à vos côtés, chères et chers collègues, à échanger avec vous à l’occasion de congrès et de colloques comme ici, de projets de collaboration internationale, de missions de concertation, de formations ou de promotions, de rencontres toujours stimulantes, gratifiantes et conviviales qui m’ont rendu heureux et honoré d’exercer le mandat que vous m’aviez confié à Liège en 2016!

Mes salutations les plus confraternelles à toutes et à tous mes collègues !

Bon congrès à tout le monde !

 

2. Introduction au Conseil d’Administration sortant : samedi 10 juillet

Chères et chers Membres du Conseil d’Administration,
Chères et Chers Collègues,
Chères et chers Ami.e.s,

Mon introduction ne sera pas longue car j’ai l’impression d’avoir déjà tout dit, et plus d’une fois, sans toujours être entendu cependant.

En bon pédagogue pourtant, pour me faire comprendre, j’avais évoqués les dinosaures qui ont disparu faute de s’être adaptés, ou le Titanic qui a sombré pour ne pas avoir voulu changer de cap.

Aujourd’hui, je me  tournerai vers l’Antiquité. La proximité de Nabeul avec l’ancien site de Carthage me rappelle en effet qu’en 150 avant J.C., Caton n’a cessé de répéter qu’il fallait détruire cette ville qui menaçait Rome. Depuis le début de mon mandat, je n’ai cessé de répéter qu’il fallait sauver la FIPF que menacent la faillite budgétaire et la dépendance statutaire. Caton est parvenu à convaincre ses pairs et Carthage a finalement été détruite lors de la troisième guerre punique. Nous saurons bientôt si la FIPF sera finalement sauvée.

Bien sûr, il y a beaucoup d’initiatives, de projets, de résultats à mettre à l’actif de cette mandature : on en donnera bientôt la liste, probablement pas exhaustive. Je n’en suis évidemment pas peu fier, et évidemment reconnaissant à toutes les personnes, mandataires, partenaires et enseignants qui ont contribué peu ou prou, discrètement ou ostensiblement, à toutes ces réalisations. Vous m’excuserez de ne citer que deux noms à ce propos: celui de Marc Boisson et de Diego Fonseca qui portent aujourd’hui à eux seuls la FIPF à bout de bras, au détriment de leur santé… mais pour combien de temps encore ?

Le seul mérite que je m’accorde – excusez-moi ! – est celui d’avoir tenté – face à la catastrophe annoncée depuis longtemps pourtant – de tout faire pour l’éviter et, à cette fin, pour actualiser une FIPF vieille de 50 ans : tenter de renouveler ses modes de fonctionnement, de professionnaliser sa gestion, de rafraîchir son discours et son image, de clarifier et d’adapter ses services aux attentes des associations et des professeurs, de prévenir les exigences et parfois les ingérences de ses partenaires, de rajeunir ses cadres et ses membres, de sélectionner ses activités, de les réduire, de revoir les modes d’affiliation et de cotisation, etc. Tous ces chantiers ont été ouverts…

Les résistances et les difficultés, à l’intérieur comme à l’extérieur de la Fédération, n’ont cependant pas manqué devant ces transformations que j’ai prônées tout au long de mon mandat contre la conviction générale que « tout va bien à la FIPF » et pour longtemps encore. Mais les chiffres, qui ne mentent jamais, exigent cette remise à neuf de la Fédération, comme la recommandent vivement les différents experts en la matière que nous avons pour une fois écoutés et dont nous avons voulu mettre à profit les conseils… mais bien tard ! Nous verrons dans les deux prochaines années si tous nos efforts auront une chance de porter leurs fruits ?

Une dernière fois, si vous voulez bien  : « Il faut sauver la FIPF », et pour cela avoir la volonté, le courage, la capacité de la moderniser, sinon elle finira comme Carthage : un souvenir !

Je vous remercie !

 

3. Introduction à l’Assemblée générale : mardi 13 juillet

Chères et chers Collègues,
Chères et chers Ami.e.s,

Comme je l’ai dit lors de l’inauguration du congrès, je quitte la FIPF inquiet et ému.

Je ne vais pas revenir sur les préoccupations dont j’ai souvent parlé, trop souvent au gré de certains. Je reste cependant convaincu qu’il faut être lucide et transparent pour être efficace. Malgré tous les efforts que nous avons déployés au cours de ces dernières années, dans un contexte de surcroît très problématique, force est de constater qu’il est impossible à l’heure où je vous parle de garantir la survie du secrétariat général de la FIPF au-delà des deux prochaines années. Les personnes qui prétendraient le contraire se tromperaient ou tromperaient les autres. Les belles promesses, les grands discours et les larges sourires n’y changeront rien. Plus que jamais, la FIPF a besoin de stratégies, de perspicacité, de détermination, de beaucoup de travail.

Nous pouvons espérer qu’avec les prochains responsables, la FIPF ne manquera de rien de tout cela : ils vont certainement bientôt nous le confirmer.

Ce qui n’est pas en danger, en revanche, c’est l’engagement et la créativité de vous toutes et vous tous, chères et chers enseignants de français, qui êtes ici réunis et qui honorez et illustrez notre noble profession dans le monde entier. Ne sont pas non plus en doute la vitalité et la pérennité de nombreuses associations que les difficultés, notamment celles causées par la crise sanitaire, ont manifestement stimulées. Mes espoirs, au moment de mon départ, reposent donc avant tout sur vous, les professeurs de français et les présidents d’association, en espérant que vous soutiendrez la structure de la FIPF, lui communiquerez votre dynamisme, lui donnerez de la consistance, et l’empêcherez de sombrer, soit dans la dèche soit dans le décorum.

C’est pour cela que je regrette le peu d’intérêt suscité par l’appel à candidatures pour les élections aux postes de président et vice-présidents qui auront lieu tout à l’heure. Il n’y aura donc pas beaucoup de choix, voire pas du tout, et conséquemment aucun débat entre des candidats, par ailleurs presque tous d’anciens mandataires. N’est-ce pas dommageable pour notre fédération qui a précisément besoin de se remettre en question, de se transformer, de se renouveler. Cette désaffection indique surtout l’urgence de renforcer l’implication des associations dans la Fédération qui devrait en être l’émanation, et de mobiliser aux commandes plus de personnes,  plus jeunes, avec des profils et des projets, différents.

Je suis évidemment ému de quitter le bateau en de telles circonstances. En toute transparence, j’ai déjà expliqué les raisons pour lesquelles je n’ai pas voulu renouveler mon mandat. Mais cela n’empêche pas que vous me manquez déjà, après ces cinq années à vos côtés. Que vous soyez enseignant dans une école d’un petit village au Congo, au Maroc, à Costa Rica, dans un lycée d’une grande métropole au Brésil, en Chine, au Canada, dans une université au Japon, en Bolivie, en Finlande, dans un centre de langues en Italie, au Liban, en Roumanie, là où je vous ai rencontrés, et ailleurs où la FIPF a apporté son aide et ses encouragements, sachez que je n’ai assumé ce rôle de président, ses satisfactions comme ses complications et ses frustrations, qu’avec le seul souci d’être concrètement et pratiquement utile dans votre travail quotidien et dans celui de vos élèves et étudiants.

J’espère y être un tant soit peu parvenu !

Merci et bonne chance à la FIPF