Acte de candidature à un second mandat à la présidence de la FIPF, mars 2020

                                                                                                                             Le 19 mars 2020

 Acte de candidature à un second mandat à la présidence de la FIPF

Mesdames et Messieurs les Président/e/s d’Association,

Chères et chers Collègues,

Il y a quatre ans, vous ou vos prédécesseurs m’avez fait l’honneur de m’élire président de la FIPF et de me confier la responsabilité de défendre les intérêts d’un des plus grands organismes professionnels au monde, d’améliorer son fonctionnement interne et la coordination de son réseau, de renforcer sa visibilité auprès de son public et sa crédibilité auprès de ses partenaires, et surtout de lui permettre ainsi de perpétuer sa vocation de rassembler toutes/tous les professeurs de français au-delà des distances et des différences, et finalement de rendre les meilleurs services possibles à chacun/e d’entre eux/elles, dans sa classe, devant ses élèves.

Vu l’importance de ces objectifs et les difficultés rencontrées, même si je regrette bien sûr n’avoir pas pu faire mieux ou davantage, je ne cache pas mon bonheur d’avoir pu tenir mes engagements avec l’aide de mes différent/e/s collègues et collaborateurs/collaboratrices, ainsi qu’avec l’aide de vous toutes et de vous tous dans les différentes associations et commissions. Je commencerai donc par vous adresser aux uns et aux autres tous mes remerciements pour votre confiance et votre collaboration.

Encouragé par les résultats obtenus et l’expérience acquise au cours du premier mandat, j’insiste sur le fait que la seule raison pour laquelle je pose aujourd’hui ma candidature à un second mandat est la nécessité vitale de poursuivre le travail essentiel d’adapter la FIPF aux exigences actuelles d’une organisation internationale indépendante, solide et performante. C’est évidemment avec la même conviction, la même détermination, la même énergie que je m’investirais dans cette nouvelle mission si l’occasion m’en est donnée, mais il faudra se montrer encore plus vigilant et résolu face aux défis chaque jour plus pressants et complexes auxquels sont confrontés la FIPF et ses responsables, autant à la tête d’une association nationale et d’une commission régionale que de l’ensemble de la fédération.

C’est donc bien en connaissance de cause, après mûres réflexions et nombreuses consultations, que je pose cette nouvelle candidature en proposant le programme suivant, aussi précis et concret que possible, qui articule à la fois la continuité et le changement.

1. La continuité dans le changement :

1.1. Au cours des quatre années écoulées, nous avons professionnalisé la gestion de la FIPF en instaurant, entre autres, un plan stratégique, une charte associative, des rapports d’activités annuels, des calendriers d’activités, des conventions pour les congrès… La crédibilité et l’efficacité de la FIPF exigent de poursuivre cette rationalisation et planification. Le premier devoir du nouveau Bureau Exécutif sera d’ailleurs de fixer une stratégie probante et de s’y tenir jusqu’à 2024, puis de présenter un rapport d’activités chaque année aux autres mandataires et instances concernées. Chaque Commission sera invitée à suivre le même exemple.

1.2. Nous avons également renouvelé et redynamisé l’image de la FIPF, à commencer par son logo et son site internet, et développé et stimulé la communication aussi bien vis-à-vis du monde extérieur qu’avec nos commissions et associations. De considérables efforts sont encore à faire en matière de communication pour l’élargir et l’adapter aux différents publics, en particulier celui des jeunes enseignant/e/s ou responsables, mais aussi celui des sponsors et des mécènes dont la FIPF doit susciter l’attention et le concours. (voir ci-dessous)

1.3. Les concertations et les collaborations avec les partenaires institutionnels de la FIPF se sont intensifiées au cours des dernières années, dans leur intérêt comme dans le nôtre, et surtout dans celui de nos associations. Il est essentiel pour la FIPF de continuer à développer les échanges et les projets communs avec ces partenaires, mais également de diversifier et de multiplier les partenariats ainsi que les sources alternatives de financement pour assurer la dimension francophone de la FIPF et son statut d’organisme non-gouvernemental, aussi fondamental l’un que l’autre.

1.4. Une des options les plus importantes prises au cours du mandat écoulé est la réorientation progressive mais efficiente de la politique de la FIPF vers des objectifs plus stratégiques, des méthodes plus dynamiques, des formations plus pratiques afin de mieux soutenir le travail des associations. La plus-value de la FIPF par rapport aux autres opérateurs de la francophonie et de l’enseignement du français s’est ainsi trouvée fortement valorisée. Il faut certainement persévérer ici aussi, à condition que la solidarité et la convivialité – le cœur (de métier) de la FIPF – ne soient pas menacées par des considérations seulement managériales.

1.5. Au cours du précédent mandat, nous avons pris l’initiative de décentraliser et déléguer les responsabilités de la FIPF, et d’y impliquer davantage les différents membres du Bureau exécutif restreint et élargi, au sein notamment de Groupes de travail. À mes yeux, il est plus que jamais nécessaire de mobiliser toutes les forces vives de la FIPF, et de profiter du dynamisme et de l’expertise des différents mandataires dans le cadre de délégations claires et efficaces. Plus précisément, il serait utile que les vice-président/e/s de la fédération et président/e/s de commissions – pour autant qu’ils partagent les mêmes engagements – aient des responsabilités officielles pour toute la durée de leur mandat sous la responsabilité du président.

1.6. Nous avons souvent eu l’occasion de mettre en valeur la FIPF par des initiatives médiatiques et prestigieuses. Chacun des congrès (à Kyoto, à Bogota, à Agadir, à Dakar, à Athènes, et bientôt à Nabeul) permet de donner une publicité appréciable à la FIPF. On se souviendra également de la célébration du cinquantième anniversaire de la FIPF, de notre rencontre personnelle avec le Président Macron en 2018, de son discours à la l’Académie française au cours duquel il a parlé de la FIPF, de l’organisation de la première Journée Internationale des Professeurs de Français en novembre dernier. Ces événements sont très positifs pour la réputation et le rayonnement de la FIPF pourvu qu’ils profitent aux associations et finalement aux enseignants sur le terrain.

2. Le changement dans la continuité :

Si on peut donc se réjouir de ce qu’il a été possible d’entreprendre au cours de ces quatre années, il faut aussi reconnaître que ce qui reste à faire n’est pas moins important, est même encore plus décisif ! Les cinq propositions qui suivent sont, à mes yeux, des conditions indispensables à l’avenir de la FIPF. Pour être de nouveau clair concernant ma candidature, même si les modalités à suivre et les actions à mener devront bien entendu être discutées collégialement avec les membres du prochain bureau, les partenaires, les acteurs de terrain, je ne vois actuellement pas, compte tenu des circonstances et de leurs enjeux, d’autres priorités pour un/e président/e de la FIPF durant les quatre prochaines années.

2.1. Les circonstances exigent que la FIPF revoie son modèle de fonctionnement. Compte tenu des moyens actuellement à sa disposition, surtout en termes de ressources humaines, de plus en plus limités, la FIPF doit se concentrer sur ses priorités : sa survie étant évidemment la toute première, les meilleurs services à rendre à ses associations, la seconde. Il est donc capital pour la FIPF de faire des choix plus sélectifs, économiques, alternatifs dans son organisation comme dans ses projets, au prix d’inévitables sacrifices. Ce serait un mensonge de prétendre que tout va bien pour notre fédération, et un suicide de penser que tout va s’arranger sans changements significatifs de gestion. Comme pour la plupart des organismes et des associations comparables, la situation critique de la FIPF réclame du discernement et de la cohérence. Les futur/e/s mandataires de la FIPF qui ne prendraient pas la mesure de ce défi majeur porteraient la responsabilité de sa faillite à court terme.

2.2. Dans la même optique, il est urgent que la FIPF change de modèle de financement pour assurer à la fois sa survie et son indépendance, et qu’elle trouve un juste équilibre entre les projets dont elle se charge, en interaction avec ses associations et partenaires, et les ressources – humaines, principalement – qu’elle doit se donner, sur fonds propres ou privés, pour pouvoir tenir son rôle. Je pense donc nécessaire de créer un Comité Stratégique qui représenterait le troisième rouage du fonctionnement de la FIPF, en plus du Comité de Concertation (les institutions publiques partenaires) et du Bureau Exécutif Élargi (les mandataires de la FIPF). Ce Comité Stratégique serait composé d’expert/e/s bénévoles de l’économie, des finances et du commerce qui feraient des propositions au BE(E), puis au CA sur les mesures et initiatives à prendre à court et plus long termes pour trouver des financements extérieurs et pour optimaliser le fonctionnement économique de la FIPF.

2.3. Toujours avec le même objectif d’assurer sa survie et son autonomie, la FIPF – au niveau international mais aussi régional et national – doit apprendre à intéresser, à solliciter de manière convaincante, à fidéliser à long terme une nouvelle catégorie d’interlocutrices/interlocuteurs qui vont être appelé/e/s à jouer un rôle capital pour la FIPF : les sponsors. Comme les collaborations avec le partenariat institutionnel, les échanges avec le mécénat privé doivent devenir une priorité pour les futur/e/s responsables de la FIPF qui doivent y consacrer des efforts et du temps. Avec l’aide de spécialistes, la FIPF doit lancer dès que possible une ambitieuse campagne de levée de fonds à partir d’un plan de communication et d’un programme de contributions spécialement mis au point pour le public des mécènes privés. La vocation, le rayonnement, la réputation de la FIPF concernant l’enseignement du français dans le monde ne peuvent laisser indifférents des sponsors comme ceux qui financent déjà des OING comparables à la nôtre.

2.4. Il est aussi impératif que la FIPF actualise et adapte les relations et les services qu’elle propose aux différents types d’associations de professeurs de français dans le monde, notamment à destination des jeunes enseignant/e/s pour qu’elles/ils prennent bientôt le relais. Nous avons déjà créé un Groupe de travail à ce propos ; il est primordial de développer et approfondir l’analyse des attentes actuelles et futures des associations et des professeurs à l’endroit d’une fédération internationale, et de proposer des innovations audacieuses en matière de communication, d’organisation, d’actions avec l’aide des commissions pour mobiliser davantage les associations, et davantage leurs jeunes enseignant/e/s. On aurait gravement tort de ne pas proposer à cette nouvelle génération d’enseignant/e/s des projets, des rencontres, des réseaux prioritairement à leur intention.

2.5. La dernière mais non la moindre de ces propositions renvoie à la raison d’être de la FIPF qui anime les enseignants dans le monde depuis 50 ans et qui ne peut être affectée, mais au contraire renforcée par les difficultés conjoncturelles et structurelles que notre Fédération rencontre actuellement. Ma conviction – qui est aussi la motivation essentielle à cette seconde candidature – est que l’esprit de convivialité et de solidarité entre les associations et les professeurs de français doit être davantage encouragé, diffusé, exploité, valorisé. Au-delà des stratégies, des projets, des budgets qui dépendent de nos partenaires et bientôt de nos mécènes, il faut que la FIPF compte davantage sur ses propres ressources humaines, et il faut que ses responsables parviennent à les mobiliser et à les organiser davantage pour créer, au moyen de mesures et d’actions concrètes, de réelles collaborations entre les associations du monde, plus précisément entre celles qui sont favorisées et celles qui le sont moins.

Pour terminer et pour être clair, permettez-moi de souligner que cette candidature n’est inspirée par aucune ambition ou intérêt personnels, mais uniquement par mon attachement profond et mon sens des responsabilités à l’égard de la FIPF qui est une nouvelle fois à un moment critique de son histoire. Raison pour laquelle – par ailleurs trop occupé par les impératifs actuels de la gestion de la FIPF – je n’ai pas voulu et ne je compte pas solliciter personnellement vos suffrages ni avant ni après la publication de cet acte de candidature qui, circonstancié et explicite, me semble se suffire à lui-même.

Qui que soit sa/son prochain/e président/e, je souhaite de tout cœur bonne chance à notre Fédération, à ses associations et à ses professeurs.

En attendant vous revoir à Nabeul, je vous adresse à toutes et à tous mes plus cordiales salutations.

Jean-Marc DEFAYS,
Président de la FIPF