[Hommage rendu à Luc Collès lors de ses funérailles le lundi 27 novembre 2017 à Bruxelles]
C’est à plus d’un titre et à de nombreux égards que je souhaiterais m’exprimer aujourd’hui, certes avec beaucoup d’émotion mais avec autant de reconnaissance et de conviction, pour rendre hommage à Luc Collès qui a été pour moi comme pour beaucoup d’entre nous un collègue, un guide, un exemple, un partenaire, un ami.
Émotion parce que nous perdons un être cher qui appartenait à la même corporation des enseignants, jamais aussi belle et noble que quand elle est incarnée par des humanistes comme lui, à la même famille de cœur et d’esprit qui ne sera plus la même sans lui ;
reconnaissance d’avoir eu la chance d’avoir pu croiser son chemin (il faut dire que ses chemins étaient tellement multiples et foisonnants que Luc était incontournable dans de nombreux domaines), la chance d’avoir passé d’interminables journées et soirées avec lui à défaire et à refaire le monde pour tenter de le rendre meilleur, la chance d’avoir pu profiter de sa culture qui était aussi étendue que son intelligence était pointue ;
conviction cependant que son souvenir, ses enseignements comme ses écrits, seront toujours présents parmi nous, en nous pour nous encourager à la rigueur comme à la compréhension, à l’engagement comme à l’ouverture, à la prudence comme à l’efficacité, et pour encourager chaque enseignant à apporter sa contribution, aussi modeste soit-elle, à une société où les gens de langues et de cultures différentes se comprennent mieux, s’entendent mieux – un message et un exemple qu’il est plus que jamais urgent et important de répandre.
Mais c’est surtout au nom des centaines de professeurs, de chercheurs, d’étudiants de français langue étrangère qui l’ont rencontré, écouté, lu et apprécié dans de nombreux pays que je voudrais prendre la parole maintenant, et rapporter les salutations émues et reconnaissantes que tous auraient aimé prononcer eux-mêmes s’ils avaient l’occasion d’être parmi nous. Où que j’aie voyagé au cours des derniers années, du Canada au Japon, en passant par l’Inde, le Maroc, la Finlande, il y a toujours eu quelqu’un pour me demander des nouvelles de Luc, me dire combien il l’estimait pour ses compétences professionnelles, ses orientations didactiques et ses réflexions intellectuelles, combien il avait été charmé par ses qualités humaines, sa disponibilité, sa gentillesse, sa bienveillance. Les nombreux témoignages qui sont parvenus à la Fédération Internationale des Professeurs de Français depuis qu’elle a annoncé la triste nouvelle confirment non seulement la dimension internationale des activités et de la réputation de Luc Collès, mais aussi de son cercle d’amis.
La FIPF pleure aussi la perte de l’un de ses animateurs les plus éclairés et dévoués : à combien de missions, de commissions, de réunions, de colloques n’a-t-il pas participé au nom de la FIPF, au profit de ses projets comme de ses membres. La FIPF et son président auront beaucoup d’autres occasions de parler du rôle considérable qu’il a tenu dans la fédération, mais j’aimerais ici épingler la revue qu’il a dirigée de nombreuses années pour la FIPF : Dialogues et cultures, l’un et l’autres mots avec « s », dont le seul titre résume deux des traits les plus significatifs de la personnalité et de la carrière de notre ami Luc : un homme de dialogues, un homme de cultures, toujours au pluriel.
En s’inclinant devant Luc Collès avec respect, admiration et gratitude, la FIPF et ses 80.000 membres présentent à sa famille et à ses proches leurs condoléances les plus sincères, et espèrent que leur sympathie les soulage quelque peu de leur chagrin.