Une branche de platane
Tambourine sur la fenêtre
De la classe distraite
Au bord du trottoir
Avant de plonger dans la ville
Une profonde inspiration
Enfin le jour naissant
Se décide à éclairer
Les pages de mon livre
Un vers sur un mur
Et la ville devient poème
Dès le le coin de la rue
Crimes, crash, pub, foot, bombes
Déferlent du téléviseur
Dehors la pluie chante
Les vieux chênes du parc
Du haut de leur tronc noueux
Disent tout bas « Tout va! »
L’incendie cette nuit
Sur l’autre rivage embrase
le ciel et ses yeux
La pluie sans répit
Un jour une semaine un mois
Inonde le monde qui sombre
Entre deux averses
Une bande d’escargots traverse
Le seuil en vi-te-sse
Un essaim d’enfants
En blanc virevoltent sur la scène
Trois tours puis s’en vont
Le bruissement de la pluie
La nuit m’éveille ; sur la vitre
Le chat suit les gouttes
Matin de brouillard
L’univers englouti… Seule
Une ombre monte la garde
Tapisse le chemin
Qui chatoie entre les platanes
L’ombre de leurs feuillages
Un jour lent et long
L’air lourd sous un ciel de plomb
Vienne l’orage… mais non!
Les marmites ronronnent
Patiemment la table dressée
Attend les convives
La source est perdue
Sous le béton, les gravats
Chercher à mains nues
Comme par enchantement
Au détour des rues pavées
Un verger en fleurs
Sur un banc du parc
Un vieux sourit au soleil
La vie vaut la peine
Les dernières lueurs
Du soir mettent le feu au fleuve
Qui enflamme la ville
Le chat noir la nuit
Pas à pas dans l’escalier
Et hop sur le lit
La fraîche brise de l’aube
Et le tapage des oiseaux
Par la fenêtre ouverte
Entre neige et brume
Les bouleaux comme des plumes
Sur une page blanche
Le train à travers
Les grands espaces enneigés
Et les souvenirs
Elle pérore encore
La très savante assemblée
Tiens vole une mouche
« Mes chers Collègues… »
L’orateur prend de grands airs
Et nous le grand vent
Des rues qu’elle survole
Plein sud la grue ignore
La suie et le bruit
L’ombre se répand
Dans la salle lentement
Où les voix se noient
Le monde devient
Léger fluide aérien
Pas à pas le sommeil vient
Un souffle de vent
Les cerisiers frissonnent
Pluie de confetti
La source à l’abri
Du monde qui court et qui crie
Susurre son secret