(Discours prononcé le 26 juin 2017 en l’honneur de Jean-Pierre Cuq et Fabienne Lallement qui ont reçu la médaille des Arts et Lettres, Délégation Wallonie-Bruxelles, Paris)
Messieurs et Mesdames en vos grades, titres et qualités,
Cher(e)s Amis(e)s,
Avant de rendre hommage aux collègues et aux compagnons que nous avons le plaisir de célébrer aujourd’hui, je tiens à remercier chaleureusement Wallonie-Bruxelles, Mme Fabienne Reuter, sa Déléguée générale à Paris, M. Zénon Kowal, son représentant, de bien vouloir nous accueillir en ces lieux prestigieux, et, d’une manière générale, de s’intéresser et de contribuer aux activités et projets de la Fédération Internationale des Professeurs de Français.
Et de dire aussi le plaisir que j’ai de nous retrouver ainsi réunis en cette solennelle, mais aussi bien agréable occasion, entre amis, collègues et partenaires de différentes instances de la politique, de la culture et des relations internationales, à commencer par M. Loïc Depecker qui vient de me précéder.
Ce n’est pas la première fois que je salue publiquement la personnalité et le travail de Jean-Pierre Cuq et de Fabienne Lallemand. Je le fais toujours avec le même bonheur mais aussi avec le même embarras tant il y aurait de compliments à leur adresser ; ce n’est donc pas peu dire qu’à nos yeux aussi la décoration qu’on va leur remettre aujourd’hui est amplement méritée.
Il faudrait des heures pour retracer la carrière internationale de Fabienne Lallemand, qui, si j’ai bien compris, ne se destinait pas au départ à cette vie de pigeon-voyageur ou d’abeille-butineuse pour défendre et diffuser la langue française et les cultures francophones dans le monde : au Maroc, au Venezuela, en Pologne, en Espagne, au Portugal, et dans bien d’autres pays encore, y compris en France, dans des ambassades comme au service de l’OIF ou de l’AUF, avant que ce ne soit finalement la FIPF qui profite de ses compétences et de son dynamisme. Fabienne possède la rare qualité d’associer un enthousiasme communicatif à toute épreuve à une rigueur professionnelle elle aussi à toute épreuve. Et les épreuves comme les défis n’ont pas manqué jusqu’aux derniers moments de sa carrière : la FIPF n’oubliera pas de sitôt ce qu’elle doit à son efficacité et à son opiniâtreté. En ce qui me concerne, je n’ai eu l’avantage de côtoyer Fabienne que peu de temps, mais suffisamment pour apprécier la détermination à la fois stimulante et rassurante qui la caractérise et pour laquelle lui sont reconnaissantes beaucoup de personnes que je rencontre. Même si cela a été trop court, j’ai tout de même été à bonne école avec Fabienne pendant l’organisation du congrès mondial de Liège. Si à l’époque je ne comprenais pas toujours les enjeux de ses recommandations, je peux en apprécier, ô combien !, toute la pertinence maintenant que je suis à la direction de la FIPF. À ce propos, j’aime rappeler que c’est à Fabienne que je dois le projet de ma candidature à cette présidence à laquelle je n’aurais jamais pensé sans sa suggestion. Fabienne, je dois t’avouer qu’il m’arrive parfois de t’en vouloir, mais ça ne dure que l’espace d’un instant, rassure-toi !
Cher Jean-Pierre Cuq, je ne sais pas s’il faut d’abord saluer le président, le didacticien ou l’ami. Ta contribution à la diffusion du français dans le monde est sans pareille, tant par sa qualité, sa diversité, son rayonnement que sa pérennité, sans aucun doute. Il est bien entendu que nous ne célébrons pas aujourd’hui une brillante carrière parce qu’elle se termine, mais seulement parce qu’elle passe par une de ces étapes comme tu en as connu plusieurs. Il n’empêche que tes travaux et publications scientifiques font désormais référence dans toutes les bibliographies d’ouvrages, d’articles, de thèses en didactique du français langue étrangère ; peu de bibliothèques de département de français dans monde, en Inde, en Russie, en Bolivie, en Chine, en passant par celle de Liège, je peux en attester, où ne figurent en bonne place notamment ton Dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde, et maintenant ton Livre blanc. Mais tu ne t’es pas cantonné dans les milieux académiques ; au contraire, tu as toujours eu le souci de joindre le geste à la parole en développant une intense activité associative, avant comme pendant la présidence de la FIPF qui en a en quelque sorte été le couronnement naturel. Tes efforts assidus pour assembler, coordonner, motiver, mobiliser des étudiants, des collègues, chercheurs ou enseignants, des partenaires, au-delà des frontières disciplinaires et nationales, ont porté de nombreux fruits dont beaucoup ont pu faire une riche récolte. Ces différents projets et initiatives en collaboration, ainsi que ce réseau d’échange et de partage, mais aussi de convivialité et de solidarité, que tu as animé, ont marqué une génération de didacticiens du FLE. La présidence de la FIPF que tu as assurée pendant 8 ans a été à l’image de cette dynamique et de cette cordialité. Maintenant que j’ai pris, certainement pas ta place, mais seulement ta succession, à la tête de la FIPF, je me rends compte, lors des multiples rencontres et déplacements, combien te doivent la FIPF et ses associations pour tes impulsions incessantes et tes initiatives salutaires en sa faveur pendant toutes ces années, dans des conditions pas toujours faciles. Quant au personnage Jean-Pierre Cuq, je dirai seulement qu’il est rare de rencontrer un collègue qui fasse autant l’unanimité que lui, non seulement pour les compétences professionnelles dont il vient d’être question, mais pour son sens des relations humaines. C’est quelqu’un qu’on aime pouvoir compter parmi ses amis, autant pour son écoute que pour ses encouragements, pour sa convivialité que pour sa discrétion, pour sa disponibilité que de sa fidélité. Je me permets de le souligner car ce n’est pas si courant dans notre métier où les rivalités, les ambitions et les vanités de toutes sortes ne rendent pas toujours les rapports commodes. Jean-Pierre, je t’ai un jour appelé le « gentleman didacticien », et cette formule semble bien convenir car on me la rappelle souvent depuis lors.
Il ne me reste plus qu’à féliciter encore fois, au nom de la Fédération Internationale des Professeurs de Français, au nom de son Bureau exécutif, de son Secrétariat Général, des 200 association et des 80.000 enseignants qu’elle représente, comme en mon nom personnel, Jean-Pierre Cuq et Fabienne Lallemand pour leur décoration et pour ces années d’engagement qui la justifient, et me réjouir une nouvelle fois de partager ce moment de célébration avec vous toutes et vous tous.